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IL ETAIT UNE FOIS L'ABSSA

 

C'est une délicieuse histoire. Elle commence comme « Blanche Neige et les Sept Nains » ... II était une fois ...
Trois amis avaient pour habitude de se réunir une fois la tâche quotidienne terminée. Entre eux, point de vaines dissertations. Leur langue était mathématique, comme il se doit à tout homme moderne et pratique: «34 ». «les 4 », «tous les 6 », «pont de 3 », Ces réflexions s'accompagnaient de gestes rituels, dûment catalogués: deux coups de l'index sur la table, ce qui signifie, paraît-il, «d'autorité », En un mot, ces trois amis, nommons-les pour ne froisser personne; Dejean, Clemmé et Collignon fils, jouaient au noble, autant que difficile, jeu de la « migeolle ».
Un jour, plutôt un soir, la partie s'éternisait et Théo Dejean avait la « main ». Déjà son bras s'arrondissait en un geste plein d'élégance; les dés, en même temps que le sort, allaient être jetés. Ce geste, amorcé si élégamment, ne se termina pas ... Emile Clemmé venait de l'interrompre par cette exclamation aussi intempestive que déplacée: « J'ai une idée! ». Outrés et stupéfaits, les autres se regardèrent incrédules. C'est que, généralement, Clemmé n'avait pas « une» idée, mais «des» idées. Jouissant de l'effet produit, il se renversa sur sa chaise, empoigna héroïquement le «demi» fraîchement tiré, l'avala à fond, puis, prenant les dés abandonnés, les fit monter au creux de la main. « Ne trouvezvous pas qu'il manque quelque chose sur notre vieille machine ronde»?
Dejean et Collignon eurent l'un vers l'autre des regards apitoyés et je crois même que l'un deux, je ne sais plus, se toucha le front de son index recourbé ... en montrant leur malheureux ami. « Je m'explique », dit Emile. « Qu'a-t-on fait pour le football du samedi? On a créé des groupements corporatifs, des associations de vétérans ... la belle affaire. Et ceux qui travaillent chez un petit patron? Ceux qui, comme moi, n'ont pas l'âge d'être vétérans (il n'avait à cette époque que 35 printemps), comment feront-ils pour pratiquer leur sport favori? Jouer le dimanche? Et si ça ne leur plaît pas? Si la championnite n'a pas leurs faveurs? Hein! Qu'a-t-on fait pour eux? Rien! Et bien moi je propose de fonder une association qui vienne en aide à ces parias de la sphère de cuir: les clubs libres du samedi, pourquoi pas» ?
Décidément, Clemmé n'était pas aussi fortement atteint qu'il semblait!
De la fumée, beaucoup de fumée, une fumée opaque comme un brouillard londonien. Au milieu: trois points lumineux. Derrière ceux-ci: trois cigarettes, au bout desquelles, trois hommes: nos « Trois Mousquetaires ». Ces pionniers de l'actuelle Fédération élaboraient consciencieusement et ... après mûre réflexion les principes fondamentaux de la nouvelle association: statuts, règlements généraux et particuliers. Après de longues discussions, dans une atmosphère de plus en plus dense, le « mouvement» prit corps. Il fallut alors pourvoir l'enfant d'un nom: Week-End Association, Fédération du Samedi ... furent mis en avant Finalement:« Association Brabançonne des Sports du Samedi» prévalut.
Alors brusquement, comme un illuminé, dressé au-dessus des nuages ... de fumée, Théo Dejean, frémissant d'enthousiasme, jeta dans la mêlée ce cri de ralliement désormais fameux: « L'A.B.S.S.A. y est» ! Délirants, possédés, les Trois Mousquetaires fondateurs se jetèrent dans les bras les uns des autres. Les assistants de cette scène pleuraient que c'était plaisir à voir ... Cela se passait le 17 juillet 1934.
Une nouvelle fédération avait vu le jour, c'est vrai! Tout y était, même un président et presque un comité: il ne restait plus qu'à la pourvoir de clubs car, avec la seule Mutuelle Sportive, alias «La Mumu» comme cercle, l'Association, toute brabançonne qu'elle était, risquait fort de ne vivre que l'espace d'un matin.
Mais nos trois lascars, comme Chu-Chin-Chu , étaient nés malins ... Une main en visière au-dessus des yeux, ils inspectèrent l'horizon. Ils hélèrent tout ce qui se trouvait dans leur champ visuel. Cela fit bien une demi-douzaine de personnes qui, toutes, reçurent ordre formel d'amener une équipe. Et c'est ainsi que la séance fondamentale se déroula sous forme d'assemblée générale le 7 septembre 1934, sous la présidence de Théo Dejean, président f.f., (Racing C.B.). Assistaient à cette séance: Messieurs E. Clemmé, Demoulin, Semaille, Degroot, De Munter, Van Hasselt ainsi que différents joueurs, Messieurs les arbitres Blanckx et Haverels et Messieurs Colfils (Les Sports) et Sadock (La Vie sportive).
Le premier comité de l'AB.S.S.A fut élu le 3 octobre 1934 dans la composition suivante: Messieurs Théo Dejean, président (Mutuelle Sportive), Maurice De Munter, secrétaire général (Ext. Univ. de Forest), Léopold Leneeuw, trésorier (Mutuelle Sportive), Linder (U.S. Allemande) et X. Semai! (A.S.A.N.), membres. Messieurs Clemmé et Colfils furent nommés membres émérites et Monsieur Demoulin, directeur des fêtes. Messieurs Leunis, Spencer, Haverels, Cornet, Mambourg, Katziemmer, Van Laethem, De Raedemaeker et Thielens, représentaient le corps d'arbitres bénévoles, placés sous la responsabilité d'un Comité Technique.
Le classement de la saison 1934-1934 s'établit comme suit: 1. Union du Centre - 2. C.S. sème de Ligne - 3. Brussels British - 4.Mutuelle Sportive - 5. Ext. Univ. de Forest l - 6. Jeune France - 7.ASAN - 8. U.S. Allemande et 9. Ext. Univ. de Forest II.
Que de chemin parcouru depuis. D'année en année l'AB.S.SA devint plus populaire et plus puissante, regroupant des joueurs de toutes classes et toutes conditions. Où l'AB.S.S.A vit-elle le jour? Difficile à dire ... Est-ce à « La Fontaine» où jaillit « L'IDEE» et où se tinrent les premiers conciliabules? Est-ce «Chez Vlaminck» où eurent lieu nombre de contacts et où se tint "Assemblée Générale Constitutive? N'est-ce pas plutôt « Chez Delvigne » où Se termina cette fameuse assemblée. Les «purs» ne tardèrent pas à émigrer et se retrouvèrent bientôt « Au Grand Roi ».


D'après X. Semail
 

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